Mettre plus de feux tricolores pour la sécurité des cyclistes, une bonne idée?
Partager

Nous sommes parfois interpellés par les habitants du 6e concernant la pertinence de mettre plus de feux tricolores pour la sécurité des cyclistes et notamment pour les nouvelles pistes cyclables à contre-sens, comme au croisement de la rue Huysman et de la rue de Fleurus, avec le boulevard Raspail.

Nous avons demandé l’avis sur le sujet de l’association MDB (Mieux se déplacer à bicyclette) et leur réponse circonstanciée nous a paru particulièrement intéressante allant au delà de la simple question technique pour aborder une philosophie de l’espace partagé et des règles qui le régissent.

LA REPONSE DE MDB

 » Les deux carrefours sont équipés de feux tricolores sur les voies de circulation générale. Les traversées piétonnes ont toutes des figurines lumineuses appelées « caissons piétons ». Il n’y a aucune raison d’ajouter des feux cyclistes au débouché des rues Huysmans et de Fleurus sur le boulevard Raspail.

Pour la traversée, les cyclistes sont tenus par le code de la route de respecter les feux des caissons piétons (en gras dans l’article R412-30 ci-dessous):
 

Article R412-30

Modifié par Décret n°2017-16 du 6 janvier 2017 – art. 10

Tout conducteur doit marquer l’arrêt absolu devant un feu de signalisation rouge, fixe ou clignotant. 

L’arrêt se fait en respectant la limite d’une ligne perpendiculaire à l’axe de la voie de circulation. Lorsque cette ligne d’arrêt n’est pas matérialisée sur la chaussée, elle se situe à l’aplomb du feu de signalisation ou avant le passage piéton lorsqu’il en existe un. 

Sous réserve des articles R. 415-11 et R. 422-3, les dispositions du premier alinéa ne s’appliquent pas aux transports exceptionnels mentionnés à l’article R. 433-1 et à leurs véhicules d’accompagnement mentionnés à l’article R. 433-17 régulièrement engagés dans une intersection équipée de feux de signalisation affichant la couleur verte au moment du franchissement de ces feux par le premier véhicule d’accompagnement. 

Lorsqu’une piste cyclable ou une trajectoire matérialisée pour les cycles, signalisée en application des dispositions de l’article R. 411-25, traversant la chaussée est parallèle et contiguë à un passage réservé aux piétons dont le franchissement est réglé par des feux de signalisation lumineux, tout conducteur empruntant cette piste ou cette trajectoire matérialisée est tenu, à défaut de signalisation spécifique, de respecter les feux de signalisation réglant la traversée de la chaussée par les piétons. 

Le fait, pour tout conducteur, de contrevenir aux dispositions du présent article est puni de l’amende prévue pour les contraventions de la quatrième classe. 

Toute personne coupable de cette infraction encourt également la peine complémentaire de suspension, pour une durée de trois ans au plus, du permis de conduire, cette suspension pouvant être limitée à la conduite en dehors de l’activité professionnelle. 

Cette contravention donne lieu de plein droit à la réduction de quatre points du permis de conduire.

http://www.legifrance.gouv.fr/codes/section_lc/LEGITEXT000006074228/LEGISCTA000006177124/2017-11-01/#LEGISCTA000006177124

La signalisation lumineuse tricolore, dont Paris détient malheureusement un record de densité, n’a jamais été un instrument de sécurité. Elle a un seul but: réguler, fluidifier et accélérer la circulation automobile. MDB considère qu’il faut réserver cette signalisation aux axes principaux et la retirer progressivement à l’intérieur de tous les quartiers (petites rues peu circulées, vélorues, aires piétonnes, zones de rencontre…). Ce qui assure la sécurité d’un cycliste dans ces deux carrefours, c’est essentiellement la prudence et la bonne appréciation du fait qu’il peut s’engager sans danger (bonne visibilité, absence d’usagers prioritaires…), mais aussi la limitation de vitesse à 30 Km/h sur le boulevard. De plus, la pose de feux tricolores cyclistes est un surcoût non négligeable auquel il faudrait adjoindre des panonceaux M12 « cyclistes, cédez-le-passage au feu rouge », ce qui les rendrait encore plus inutiles sans compter des coûts incompressibles d’entretien, de maintenance et de consommation électrique pour des décennies… »