Les quais de la Seine sont inscrits sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO depuis le 13 décembre 1991. Les berges de la Seine sont par ailleurs protégées au titre du site inscrit, qui recouvre l’ensemble des arrondissements dans lesquels s’inscrivent les quais.
Il s’agit donc au niveau aménagement, de sites contraints gérés, selon les secteurs, par le Port Autonome de Paris, la Ville de Paris ou Voies Navigables de France. Ils sont régis notamment par le Plan de prévention des risques inondations (PPRI) de Paris ainsi que par un Cahier des prescriptions architecturales et paysagères qui même s’il n’est pas un document réglementaire traduit l’accord de l’Etat, de la Ville de Paris et du Port Autonome de Paris sur le mode de traitement des berges.
Mais au-delà de ces nécessaires réglementations et protections, les bords de Seine sont un bien commun à tous les Parisiens, ils contribuent de façon importante à la beauté de la ville avec leur écrin végétal, et leurs perspectives. Ils dessinent l’identité de nos quartiers, ils font partie de l’âme de Paris.
Aussi je salue l’initiative de la Ville de lancer une Mission d’information et dévaluation (M.I.E) sur la Seine, il faut continuer à aller dans ce sens et associer pleinement les citoyens à la gestion et à la protection de leur fleuve.
QUESTIONS DE LA MIE
1. Quels sont, d’après vous, les usages de la Seine et de ses abords privilégiés par les habitants de votre quartier ?
– promenade
-beauté visuelle
-espace de nature où se ressourcer.
2. Quel regard portez-vous sur les évolutions récentes de la Seine et des usages faits de ses abords (piétonisation, meilleur accès aux berges, mixité des usages) ?
Positif !
Ainsi la piétonisation des voies sur berges a permis aux riverains d’en profiter, et de faire la joie des piétons et des cyclistes.
Les pistes cyclables le long des quais côté 6e marchent aussi très bien.
3. En quoi celles-ci changent elles votre rapport à la ville et à votre quartier ?
La piétonisation des voies sur berges a permis une continuité entre les deux rives et aussi de réparer une inégalité, les bords de Seine côté Rive droite ayant été beaucoup trop dédiés à la voiture avec le bruit et la pollution
4. Quels nouveaux usages de la Seine et de ses abords souhaiteriez-vous voir se développer dans les années à venir ?
- Développer le transport fluvial marchand. Une barge sur la Seine c’est 200 à 300 camions de moins. Le transport de marchandises sur la Seine a augmenté de 3,8 % en 2018. En tout, c’est un million de camions en moins sur les routes. Il faut continuer dans ce sens.
- Développer le système des batobus (qui ont une escale dans le 6e à Saint-Germain des Prés) en rendant l’accès gratuit aux usagers du Pass Navigo afin que les habitants puissent profiter de ce mode de déplacement festif et qu’il ne soit pas ciblé quasiment exclusivement vers les touristes.
- Arrêter avec la pollution au diésel générée par les bateaux et développer un système de bateau-bus zéro émission, aider également les bateaux-mouches qui souhaitent changer leur flotte pour aller vers des bateaux plus propres et ne suscitant pas de nuisances sonores. Le groupe CEMEX s’est lancé dans la construction d’un bateau « pousseur à hydrogène » respectueux de l’environnement et qui devrait être opérationnel sur la Seine en 2022. Cette démarche s’inscrit dans la ligne du « plan hydrogène » lancé en 2018 par le Ministère de la Transition écologique et la redéfinition des usages de la Seine souhaitée par la Ville de Paris. A encourager et développer.
5. Comment, d’après-vous, la Seine peut-elle améliorer votre quotidien et limiter les nuisances et pollutions dans votre quartier ?
LA SEINE NE PEUT JOUER PLEINEMENT SON RÔLE DE LIMITATION DES NUISANCES ET DES POLLUTIONS QUE SI ON EN PREND SOIN.
Il n’est pas question de l’exploiter voire de la surexploiter. Il est capital de prendre en compte sa singularité et ne pas faire de ses bords un espace urbain « comme un autre ». Il faut préserver les caractéristiques fortes et historiques des berges parisiennes, éviter surtout de les transformer en décor commercial. Il serait ainsi tentant de dédier exclusivement le site de la Seine et le centre de Paris au tourisme de masse, en faisant du Paris historique un parc d’attraction.
Aussi ne pas remplir le vide à tout prix mais laisser le fleuve être un espace de respiration urbaine dans la ville. Les aménagements touristiques et les activités privatives le long des berges doivent être régulés pour préserver le côté nature et ne pas en faire une gigantesque « Foire du Trône ».
Sobriété, harmonie de formes et de couleurs, discrétion du mobilier urbain, légèreté de constructions et simplicité des aménagements doivent être privilégiées.
Ainsi la végétalisation sur les quais côté 6e pourrait être renforcée mais sous forme de pavés enherbés ou de plantation d’arbres en pleine terre et PAS de plantes en pots ou d’installation gadget qui seraient susceptibles de dénaturer la poésie des lieux.
Le fleuve ne doit pas être vu non plus uniquement au niveau parisien, il faut en avoir une vision globale en lien avec les territoires en amont et en aval, la Seine est un être vivant qu’on ne peut découper en la seule portion où il coule à Paris
SI ON VEUT QUE LE FLEUVE JOUE SON RÔLE DE PROTECTEUR DE LA POLLUTION IL FAUT D’ABORD LE PROTÉGER LUI-MÊME DE LA POLLUTION !
En effet des menaces pèsent sur le fleuve, ainsi le 1er septembre 2020, une vidéo dévoilait un déversement de béton dans la Seine en plein cœur de Paris, au quai de Bercy. Les rejets de substances polluantes par les cimentiers en bord de Seine est un problème systémique qui doit cesser. De façon plus général alors que le béton est responsable de 8 % des émissions de CO2 et leur réduction un enjeu fondamental pour la lutte contre le dérèglement climatique, l’activité des cimenteries en bordure de Seine doit être questionnée à cette lumière.
Il faut une surveillance renforcée de la part de Haropa-Port de Paris, qui contrôle les installations portuaires sur les berges, et sur ses concessionnaires, et que le contrôle du respect des normes sanitaires et environnementales soit condition du maintien des concessions.
La Ville de Paris doit à court terme reprendre le contrôle de ses Berges en ayant davantage de compétence sur les espaces des bords de Seine.
ENFIN DONNER AU FLEUVE UNE PERSONNALITÉ JURIDIQUE
Cela permettrait de lutter plus efficacement contre les menaces environnementales et autres dont il est l’objet. Cela a été fait pour le Whanganui en Nouvelle Zélande, pour le Rio Atrato en Colombie, pour le Gange en Inde, et en tout pour une dizaine d’étendues d’eau dans le monde.
Reconnaître la Seine comme un sujet de droit permettrait aux citoyens de saisir la justice au nom de l’entité, en raison des dommages subis, pour mettre en avant le droit du fleuve à exister et prospérer.
POUR ALLER PLUS LOIN
Le 18 novembre 2018, lors du Conseil de Paris, Jean-Louis Missika, adjoint à la maire de Paris, a annoncé le lancement d’un Atelier Seine ayant pour but de réunir autour de la table toutes les parties prenantes concernées par le fleuve et ses abords et d’établir une vision commune pour la Seine. Cette instance de dialogue a été accompagnée et informée par l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur).
Retrouvez les cahiers de synthèse des ateliers réalisés par l’Apur